Thứ Ba, 11 tháng 1, 2011

THƯƠNG TIẾC CÔ NGUYỄN VI ANH

From:  Viet Do *MaiquocMinh
Văn Phòng Liên Lạc các Hội Đoàn và Người Việt Tự Do tại Pháp
Bureau de Liaison des Associations et Vietnamiens Libres en France
Bản Tin - Bulletins - News

Buổi lễ tưởng nhớ Vy-Anh tại trạm métro Etienne Marcel ngày 9 tháng 1 năm 2011 từ 15g đến 16g30
Hommage à Vy-Anh au métro Etienne Marcel le 9 janvier 2011 de 15h à 16h30
http://www.youtube.com/watch?v=KMqizkUrrP0
Phóng sự đài BFMTV khi xảy ra sự việc vào ngày 27 tháng 12 năm 2010
Reportage de BFMTV de l'incident le 27 décembre 2010
http://www.youtube.com/watch?v=Qm_gwRsh-1Y
Thủ phạm có thể đang bị bắt ngày 11 tháng 1 năm 2011
Meurtrier présumé a été arrêté le 11 janvier 2010
http://www.francesoir.fr/node/177047

 Vy-Anh elle aimait tellement la vie

actu-match | Dimanche 9 Janvier 2011  

                 Vy-Anh elle aimait  tellement la vie
| Photo D.R.

Elle sortait du métro pour rejoindre une amie quand un voleur l’a délibérément projetée du haut des escaliers.
Par Emilie Blachere - Paris Match
Elle n’a peur de rien. Vy-Anh, 27 ans, petite, ­menue, mais athlétique, n’est jamais fatiguée par rien. ­Si elle était une fleur, elle ­serait à la fois fragile et ­résistante. Une espèce ­inconnue sous nos climats. D’ailleurs, ses amis le savent. Quand on lui ­apporte un bouquet, il faut toujours que ce soient des fleurs exotiques. Rouges, roses ou blanches, « des couleurs qui pétillent ». Comme elle.
Ce lundi 27 décembre, peu avant 16 heures, Vy-Anh quitte le RER à la station Les Halles. Elle pourrait hésiter. Une station la ­sépare d’Etienne-Marcel. Elle ­décide de prendre le métro direction Porte de Clignancourt, ligne 4. Elle n’a sans doute pas prêté attention à un autre voyageur qui montait en même temps qu’elle. Grand, massif, sac à dos bleu marine et sweat zippé à ­capuche clair, il n’a pas 20 ans. Il est entré dans un autre wagon.
Vy-Anh a une double culture. Ses parents viennent du Vietnam. Ils se sont d’abord installés à Esbly, en Seine-et-Marne, puis à Antony, banlieue sud où, jusqu’en terminale, elle a suivi un parcours sans faute au lycée privé Sainte-Marie. Elle y a découvert le théâtre et ­appris à jouer avec les mots, sur scène, puis dans ses carnets ­intimes. Jeune fille sensible qui surligne les livres « pour se souvenir et retenir ».
« Elle préférait les matières artistiques et littéraires aux maths, aux sciences et au sport. Tout le contraire de sa sœur qui est devenue pharmacienne », répète-t-on dans la famille. Vy-Anh a tous les dons, elle fait tous les rêves. ­Dimanche 26 décembre, dans ses SMS, elle se dit impatiente de quitter 2010. Elle est sûre que 2011 lui offrira un nouveau départ. Elle a tant de projets. L’Argentine, cet été. Des soirées, des anniversaires surprises, des mariages. Et même « Un dîner presque parfait » chez elle, en janvier.
« Elle faisait si bien la cuisine ! insiste un proche. Aussi bien française que vietnamienne. Elle nous a initiés aux bons vins et aux fromages. Pour le réveillon de Noël, elle s’était lancée dans un ­panaché de foie gras. » Une nature heureuse, généreuse : déléguée de classe quand elle était enfant ; membre du bureau des étudiants, ensuite. « Quand un de ses copains de troisième est mort d’un cancer, c’est elle qui a mobilisé son établissement pour monter un spectacle, trouver une salle, récolter les fonds pour une association. »

Que dit-elle à son assassin ? On ne le saura jamais

Vy-Anh est jolie. Elle aime la mode. Son péché mignon : les bottes et le vernis à ongles. Elle n’a pourtant pas rendez-vous à Etienne-Marcel pour faire les boutiques, mais pour parler affaires. Avec une copine. C’est sérieux.Le métro est bondé, comme d’habitude. Chaque jour, la RATP dénombre 500 000 voyageurs sur cette ligne. Une des plus fréquentées du réseau. Châtelet, Les Halles, Barbès. Des grosses ­stations.
Les sièges libres sont rares, on étouffe. Des passagers ­discutent, d’autres bouquinent. Une femme téléphone. Elle utilise un smartphone. L’appareil vaut jusqu’à 600 euros quand il n’est pas subventionné par un opérateur. Il est la cible favorite des vols à l’arraché. Au marché des voleurs, il s’échange à 150 euros, voire 200. L’homme à la capuche qui vient de monter observe l’inconnue. Quelques mètres avant la station Etienne-Marcel, il approche. Et se jette sur elle. Une scène qui surprend tout le monde, « très violente » disent les témoins. La femme, âgée d’une quarantaine d’années, se défend, répond aux coups. Personne ne comprend ou ne veut comprendre, personne ne réagit. Le métro s’arrête, les portes s’ouvrent. La femme est projetée sur le quai, elle s’écroule. L’homme prend la fuite vers la sortie, direction rue de Turbigo.
Les caméras tournent. Il y en a 8 200 dans le métro et le RER. Elles sont la plupart du temps disposées sur les quais, dissimulées dans les couloirs.Assise dans un autre wagon, Vy-Anh ne sait rien de ce qui se passe si près d’elle. Elle peut continuer à rêver. A ce rendez-vous avec son amie, Sonia. Elles ont décidé de monter une société d’événementiel qui leur permettra de présenter au public les artistes de demain. N’est-ce pas exaltant ? C’est leur ­résolution pour 2011. Vy-Anh est une battante. Elle a toujours été comme ça. Elle ­n’attend pas, elle fonce. Après son bac économique et social, elle a fait une école de commerce à Paris, l’Institut de préparation à l’administration et à la gestion (Ipag). Puis elle a passé six mois à l’université John Moores de Liverpool et décroché un stage de trois mois à Londres : assistante de communication chez un distributeur de vins. Son enthousiasme pour la capitale ­anglaise a faibli avec les attentats. « Nous avons eu très peur, raconte un des siens. Nous n’avions pas réussi à la joindre de la journée.
En fait, elle était dans le métro. Elle a entendu les détonations, vu des blessés, la foule paniquée. Elle a compris qu’elle l’avait échappé belle, ça l’avait beaucoup frappée. » Elle terminera ses études en France puis, après un stage de six mois comme assistante attachée de presse, refera sa valise. Destination Madrid, cette fois. Elle y restera presque quatre ans. « Elle était tombée amoureuse de la ville, du climat, des gens. Son travail la passionnait. » Elle ­organise des soirées presse pour de grandes marques de parfumerie, lance avec succès Essence de Narciso Rodriguez. Le soleil, le succès ne remplacent pas la famille. Vy-Anh a fini par se languir des siens. Elle est ­revenue en France et, puisque c’est si difficile d’y trouver un emploi, elle a ­décidé de créer le sien. En ­attendant, elle s’est installée dans le pavillon familial, pour le bonheur de son père et de sa mère.Il est presque 16 heures, ce dernier lundi de l’année 2010, quand elle sort de la rame. Les bandes de vidéosurveillance attrapent son image à ce moment-là. On la reconnaît facilement grâce aux cheveux longs et raides qui rappellent ses origines, et qu’elle teint en auburn. Les films gardent aussi l’image de la femme qui vient de tomber et de l’homme qui est parti en courant. La brigade des réseaux ferrés dispose d’une dizaine de patrouilles en civil. Dans 80 % des cas, il leur faut moins de dix minutes pour être sur place. Dix minutes, c’est peu, et c’est ­beaucoup.
Vy-Anh s’engage dans l’escalier. L’homme en fuite est sur ses talons. L’a-t-elle regardé de ses grands yeux dessinés à l’eye-liner noir ? L’a-t-elle gêné ? Il la bouscule violemment une première fois. Que lui dit-elle ? Personne ne le saura ­jamais. Dissimulé par sa casquette noire, il se retourne et la pousse.« Il semblerait qu’il ait eu cette réaction parce que la jeune femme l’empêchait de poursuivre sa fuite. Elle a peut-être cherché à s’interposer pour le retenir », déclare un enquêteur. Vy-Anh, déséquilibrée, chute en arrière. Personne ne peut la retenir. Sa tête frappe le rebord métallique des marches. En bas, elle tombe, inerte, le corps ­allongé sur le sol sale et froid. On s’approche, on voudrait faire quelque chose, mais quoi ? Elle est déjà prise de convulsions. Quand arrivent les secours, elle est dans le coma. Les pompiers s’affairent.
Une cousine est passée là, par hasard. Elle est descendue du ­métro suivant pour se rendre à 16 heures dans un spa de la rue Montorgueil, où elle a rendez-vous pour un soin détente. La cousine est attirée par l’attroupement en bas des marches. Elle reconnaît la jeune fille immobile, ensanglantée, déjà entre les mains des pompiers. Elle se précipite. Vy-Anh l’a-t-elle entendue dans son obscurité ?
Dehors, il y a Sonia, l’amie qui s’impatiente, s’inquiète, multiplie les SMS restés sans réponse. « Où es-tu ? Quand arrives-tu ? » A l’hôpital Henri-Mondor de Créteil, ses proches sont déjà réunis. Ils la voient débarquer de l’ambulance, inconsciente. Mais ils croient aux miracles, ils veulent croire au ­miracle. Elle s’appelle Vy-Anh. Ce n’est pas un nom pour mourir. Elle est trop jeune, trop belle, trop ­généreuse, et l’œdème cérébral, trop important. Vy-Anh n’a jamais repris conscience. Elle est morte à 21 heures. Cinq heures plus tôt, elle descendait du métro. « C’est trop injuste, répètent ses proches. Pourquoi ? » Parce qu’elle était juste au mauvais ­endroit, au mauvais moment.